TDAH : le neurofeedback est-il aussi efficace que le médicament ?

Les nouvelles technologies pour lutter contre l’inattention, un paradoxe ? Peut-être pas. Une étude (appelée Newrofeed), financée par l’Union européenne dans le cadre de Recherche Innovation Horizon 2020, évalue un dispositif « high-tech » pour lutter contre le TDAH, les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité chez les enfants. En clair, le neurofeedback – renvoi de l’activité cérébrale enregistrée par électro-encéphalogramme (EEG) via un application sur tablette – est-il aussi efficace que le médicament traditionnellement utilisé dans ces pathologies, le méthylphénidate ?

Réguler son activité cérébrale
Pour le savoir, les cliniciens, coordonnés par le Pr Diane Purper Ouakil de l’hôpital Saint-Eloi (CHU de Montpellier), vont recruter 179 jeunes âgés de 7 à 13 ans, souffrant d’un TDAH avec une composante d’inattention, n’ayant encore bénéficié ni du médicament ni de neurofeedback, dans 9 centres cliniques en Europe (répartis entre la France, la Belgique, l’Espagne et la Suisse). Les enfants seront aléatoirement répartis en deux groupes : certains recevront le méthylphénidate selon un dosage évalué par les médecins, d’autres essaieront le neurofeedback. Ces derniers devront apprendre à réguler eux-mêmes leur activité cérébrale, enregistrée par l’EEG et renvoyée en temps réel sous la forme d’une image sur une tablette. La récompense en cas de réussite est censée engendrer un cercle vertueux en stimulant l’engagement individuel dans cette rééducation thérapeutique.

L’utilisation du neurofeedback dans le traitement des troubles neurologiques n’est pas une nouveauté, et ses applications potentielles sont nombreuses même si, pour l’instant, les protocoles ne sont pas standardisés et qu’une étude parue dans le Lancet Psychiatry a critiqué son efficacité. Par ailleurs, cette technique est déjà prisée – bien que les résultats ne soient pas encore validés scientifiquement – dans le traitement des troubles de l’attention et l’hyperactivité. Sauf que cette fois-ci, deux nouveautés sont à considérer, selon le Pr Diane Purper Ouakil. D’abord, les séances (ou tout au moins une partie d’entre elles) s’effectuent à domicile, après une première phase bien sûr de « formation » et d’accompagnement des parents et des enfants en centre. Ensuite, « le protocole est personnalisé en fonction de l’activité cérébrale de l’enfant, explique le médecin. L’électro-encéphalogramme réalisé au départ permet de sélectionner le protocole utilisé en fonction du ratio theta/beta », un biomarqueur du contrôle attentionnel.

RÉSULTATS. Mais comment savoir ensuite que le traitement fonctionne ? En fait, l’objectif précis n’est pas d’évaluer l’efficacité absolue du neurofeedback mais plutôt de prouver (ou pas) qu’il marche au moins aussi bien que le méthylphénidate sur les symptômes de l’inattention (évalués par le recueil de questionnaires auprès des enseignants, des parents et des cliniciens). D’ailleurs, le nombre d’enfants participants a été évalué justement pour montrer des différences significatives dans ce test dit « d’équivalence-efficacité ». En tout cas, pendant les 3 mois que va durer l’étude. « Nous aimerions également trouver un financement pour faire un suivi à distance et voir si l’efficacité éventuelle serait maintenue dans le temps », admet Diane Purper Ouakil. Reste que l’étude n’en est qu’à ses débuts, même si la technique est prometteuse.

 

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